Culture
Words by Michel Wlassikoff
The 1621 specimen of Jean Jannon
Jean Jannon apprenticed with Robert III Estienne before becoming renowned for his finely cut founts, including the famous ‘Petite Sedanoise’, and supplying notable printing works like the Imprimerie Royale.
Jean Jannon apprenticed with Robert III Estienne before becoming renowned for his finely cut founts, including the famous ‘Petite Sedanoise’, and supplying notable printing works like the Imprimerie Royale.
Jean Jannon (1580–1658), formerly of the workshop of Robert III Estienne, in Paris, expert in engraving and foundry, master printer in 1606, settled in Sedan from 1610. He worked there for the account of Prince Henri de la Tour d’Auvergne and the Protestant Academy established in this reformed stronghold. In his typeface specimen that he published in 1621, he wrote a preface for printers, extolling the merits of Robert Estienne and André Weschel — without mentioning Garamont. The quality and finesse of his founts is widely recognized; in particular, he cut a font in very small size, which became famous under the name “Petite Sedanoise” or “Sedanaise” (~5 pts), which constituted a tour de force in its time. How did the Imprimerie Royale acquire his founts? There has long been mention of a seizure of their matrices by order of Richelieu on a Norman road where they were in transit to be delivered to a reformed printer in Caen. It seems that the affair was somewhat fictionalized and that, simply, a good sum was offered to Jannon to supply them.
Document: Jean Jannon, Epreuve des caractères nouvellement taillez. A Sedan, par Jean Jannon, imprimeur de l’Académie, 1621.
AUX IMPRIMEURS, Il semble, Messieurs, que Dieu ait voulu expressément cacher celui d’entre les hommes qui a le premier exercé cet excellent art de l’Imprimerie, afin qu’on ne donnast l’honneur de l’invention de ce divin art qu’à la divinité même. Dieu voirement s’est bien servi des hommes pour le donner à cognoistre, mais il est certain que la perfection n’en est venue qu’avec le temps, & par plusieurs personnes. Divers auteurs en attribuent le commencement à divers personnages : & me contenterai d’en alléguer quelques uns : entre lesquels Junius écrit que les Egyptiens se vantent d’avoir trouvé les deux tables de la Loy escrites du propre doigt de Dieu, & que cela leur a servi à trouver cette invention, qu’ils disent avoir de long temps, & laquelle ils ont portée aux Grecs l’an 1440. Wimpselingus l’attribue à un certain Uldericus Han Alleman, (lequel toutefois quelques-uns ont estimé Français). D’autres disent que cette invention est venue de la Chine. Le Sieur du Verdier en ses diverses leçons dit que ç’a este un nommé Jehan Guthemberg Alleman, qui premier l’a exercé en la ville de Mayence, l’an 1442. Polydore Virgile le rapporte de mesme, en son livre de l’invention des choses, hormis qu’il l’assigne à l’an 1458, qui est la plus commune opinion, ainsi que je l’ay appris en ladite ville de Mayence, où cela est tenu par tradition : de sorte qu’il n’y peut avoir que 180 ans ou environ que ledit art d’Imprimerie est cogneu. Or voyant que depuis quelque temps plusieurs s’en sont meslez qui l’ont grandement avili, (tant l’ignorance & impéritie abastardit les plus belles choses avec le temps), il m’a pris envie d’essayer, si en quelque sorte je pourrais imiter quelqu’un de ceux qui s’en sont meslez avec honneur, & que j’enten tous les jours regretter : comme entre autres un Conrad à Rome, un Manuce à Venise, un Estienne à Paris, un Froben à Basle, un Gryphius à Lyon, un Plantin à Anvers, un Wechel à Francfort, & quelques autres qui ont esté fort celebres en leurs temps. Et d’autant que je ne pouvais venir à bout de ce dessein, à cause que je manquais des caractères qui m’estaient nécessaires pour cet effet : mesmes n’en pouvant commodément tirer des fondeurs, dont les uns ne voulaient, & les autres ne pouvaient me fournir ce qui me manquait : je me résolus, il y a environ dix ans, la main à bon escient à la fabrication des Poinçons, Matrices & Moules pour toutes sortes de caractères, afin d’en accommoder & le public, & moi mesme. J’ay donc achevé trente frappes de lettres, a savoir sept frappes de lettres de deux lignes, le gros Canon, petit Canon, Parangon, gros Romain, S. Augustin, Cicero, petit Romain, petit Texte, Nompareille, & leurs Italiques : un gros Cicero, une Gaillarde, un moyen Hebrieu : ensemble la Sedanoise & son Italique, de deux cinquièmes plus petites que la Nompareille, lesquelles on n’avait point encore vues auparavant. Entre toutes les frappes susdites, j’en ay enrichies de belles liaisons & abréviations non encore taillées jusques à présent. Or toutes ces choses ensemble sont la première partie de mon travail & entreprise, dont j’ay bien voulu vous faire voir cette espreuve, pour vous servir d’eschantillon, & estre avantcouriere d’un ouvrage plus accompli. Je vous fay donc maintenant offre de celles qui vous seront le plus à gré, en attendant que je vous baille l’autre partie, qui consistera és caractères Hebrieux, Chaldaïques, Syriaques, Arabiques, Grecs, Germaniques &c.; lettres fleuries, notes de musique, vignettes, fleurons, &c.; à quoy je travailleray, Dieu aidant, de tout mon pouvoir, afin de pouvoir accommoder un Imprimeur de tout point. Mesme je fourniray, qui voudra, de presses, casses, rames, chassis, & garnitures de toutes sortes : de toutes lesquelles choses je feray prix si raisonnable, que quiconque en aura affaire trouvera tout sujet de contentement, quelque distance de lieux qu’il y ait. Et sur l’espoir que je donne de cette autre partie, je prieray Dieu qu’il vous doint [sic] toute prospérité, à la gloire duquel je consacre entièrement & ma vie & mon labeur, qui est le principal vœu & souhait que fait incessamment celui qui est & desire demeurer toute sa vie, Messieurs, Votre affectionné Serviteur & amy JANNON. A Sedan le 4 novembre 1621.